Le gecko et le politique : penser la gouvernance des forêts avec Machiavel ? Par Symphorien Ongolo.

30 janvier 2017

Salle D209 (Baillarguet, bâtiment D, 2ème étage) : 11h00 - 12h30

Restitution des travaux de thèse de Symphorien Ongolo.

Stages & Thèses

Dans le cadre de la rubrique « Stages & Thèses », une animation scientifique de l’UPR Forêts et Sociétés aura lieu en salle D209 (Baillarguet, bâtiment D, 2ème étage) le lundi 30 janvier, de 11h00 à 12h30.

Titre : Le gecko et le politique : penser la gouvernance des forêts avec Machiavel ?

Intervenante : Symphorien Ongolo

Affiliation : affiliation universitaire durant la thèse : Institute for Environmental Decisions, ETH Zürich  ; institutions d'accueil : Cirad (ex-BSEF) et Cifor (Cameroun).

 

Résumé : 

À partir de l’exemple des politiques forestières au Cameroun, l’objectif de cette présentation est d’analyser comment la vision de l’aide internationale comme instrument d’incitation pour les réformes environnementales en Afrique s’est souvent heurtée à la résistance habile des Etats censés en assurer la mise en œuvre.  En prenant l’exemple de la forêt de Ngoyla-Mintom au sud-est Cameroun, nous analysons comment sa gestion initialement, orientée vers une exploitation industrielle du bois sous contrôle de l’administration forestière du Cameroun a progressivement basculé vers un programme environnemental de type ‘aide-contre conservation de la biodiversité’ sous la pression d’une constellation d’acteurs externes. En effet, le contexte macro-économique des années 1990 et 2000 des plans d’ajustement structurel et des programmes internationaux de remise de dette dans les pays en développement en général et au Cameroun en particulier a -dans un premier temps- fait triompher l'agenda de conservation de la biodiversité dans la forêt de Ngoyla-Mintom. Ce processus de politisation de la conservation s’est ensuite combiné au paradigme de la monétarisation des services écosystémiques fournis par les forêts tropicales, à travers des initiatives internationales de réduction de la déforestation de type REDD+. Enfin, nous analysons -dans un second temps-  comment la haute bureaucratie d’État au Cameroun a fait usage de diverses tactiques de ruse pour résister à la domination des acteurs externes et à leurs injonctions de conservation et retourner la situation en sa faveur. Elle a notamment joué de l'affaiblissement des leviers de pression et de la perte de crédibilité des solutions avancées par les acteurs externes de la conservation pour réactiver et mettre en œuvre son agenda initial de mise en exploitation de la forêt de Ngoyla-Mintom. Dans ce jeu d'acteurs, chaque groupe a utilisé la cause des communautés locales pour légitimer son agenda et délégitimer celui de ses adversaires.

Contact : Symphorien Ongolo <ongolosymphorien@gmail.com>