Deux chercheurs en mission pour cartographier la forêt de Badaï-Tugaï (Ouzbekistan)

Du 4 au 21 novembre 2018, c’était la première mission en Ouzbékistan de Valery Gond et Régis Peltier (UPR Forêts et Sociétés), dans le cadre du projet « Mapping natural resources along the Amou Darya’s banks in Uzbekistan and Turkmenistan » pour le compte de la GIZ (Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit, GmbH).

L’objectif était de prendre contact avec les partenaires locaux de la GIZ et de l’ONG KRASS (Khozerm Rural Advisory Support Service), en représentant nos collègues de Selmet (Jean-Daniel Cesaro, responsable du projet) et nous-mêmes. Le second objectif était de prendre des mesures de terrain dans les deux réserves naturelles de Badaï-Tugaï situées sur les rives du fleuve Amou-Darya (tributaire de la mer d’Aral) afin de pouvoir établir une base de données utilisable pour réaliser les classifications des images acquises récemment par GeoSud-Theïa via Audrey Jolivot (Tetis).

Nous avons fait équipe avec Natalya Marmazinskaya (zoologiste) et un représentant du service forestier. Le directeur du Parc de Badaï-Tugaï a mis à notre disposition des inspecteurs-rangers pour chaque journée de terrain suivant nos déplacements dans les secteurs concernés. Nous avons eu libre choix de nos déplacements et de nos investigations. Nous avons pu collecter 272 points de mesure et parcourir à pieds 88 km, dans des conditions pré-hivernales sibériennes (les températures oscillant entre -5 et 2°C). Chaque point de mesure contient 4 photos (orientées Nord, Est, Sud et Ouest), une description quantitative de l’habitat (hauteur de la canopée, diamètre moyen des arbres, surface occupée par les couronnes ; hauteur et densité de couvert du sous-bois ; qualité du sol ; liste des espèces présentent sur une surface de 20m de diamètre) ainsi que les coordonnées géographiques obtenus par GPS.

La forêt est caractérisée par une structure en futaie de peuplier de l’Euphrate peu dense, avec des parcelles en taillis de régénération suite aux feux accidentels. La complication de la cartographie va résider dans la distinction de la structure et de la densité d’arbres et d’arbustes du sous-bois. Ces facteurs nous paraissent déterminants pour obtenir une carte des habitats de la réserve.

La connaissance cartographique de ces deux habitats est primordiale afin d’alimenter le dossier que souhaite présenter la GIZ à l’Unesco afin d’obtenir le label Réserve de la Biosphère. En effet, le parc abrite une des dernières populations de Cerfs de Boukhara (Cervus elaphus bactrianus) qui est inscrit sur la liste rouge de l’IUCN. Toutefois, lors de nos investigations de terrain il nous a été donné l’opportunité régulière d’observer ces magnifiques animaux.

Il reste dorénavant à dresser une maquette cartographique avec l’aide de nos collègues de Tetis et de Selmet. Une autre mission est prévue en avril 2019 pour assurer la formation du personnel de terrain à la cartographie et à l’utilisation des drones. Un avenant au contrat actuel est envisagé pour faire un travail comparable au Turkménistan, de l’autre côté du fleuve, afin de créer une réserve transfrontalière.

Actualité rédigée par Valéry Gond et Régis Peltier

Publiée : 11/12/2018