La durabilité des systèmes agroforestiers sucite parfois des ajustements de pratiques.

L'effet à long terme d'un système agroforestier sur la fertilité des sols n'est pas toujours celui que l'on souhaite. C'est ce qu'a révélé notamment une étude conduite par Emilien Dubiez (UPR Forêts et Sociétés), accompagné de Vincent Freycon et Régis Peltier, du même collectif de recherche. Leur étude met en évidence un appauvrissement relatif des sols des plateaux Batéké (RDC) sous jachère ligneuse, par rapport aux sols de savane, si certaines précautions ne sont pas prises. L'étude ne dit pas, toutefois, ce qu'il en est des sols cultivés sans rotation, dont on peut présumer qu'ils s'appauvrissent bien davantage.

Les jachères ligneuses recourant à des arbres fixateurs d'azote peuvent représenter des systèmes agroforestiers efficaces, permettant aux agriculteurs d'alterner la production agricole et la production de bois-énergie sur la même zone. Le but de cette étude était d'étudier l'influence des phases successives des peuplements d'Acacia auriculiformis poussant en rotation avec les cultures sur les propriétés chimiques des sols sablonneux et des sols tropicaux très pauvres. L'étude a été menée 22 ans après le boisement de la savane herbacée humide de Mampu, en République démocratique du Congo. Les propriétés chimiques du sol de surface (0-20 cm) des parcelles de savane témoins ont été comparées à celles des parcelles d'acacia qui avaient subi une, deux ou trois rotations d'acacia au cours de la période de 22 ans. Nous avons constaté que les propriétés du sol sous les peuplements d'acacia non récoltés en 1ère rotation et sous les peuplements d'acacia en 2ème ou 3ème rotation après la production de charbon de bois et la culture du maïs et du manioc étaient similaires. Les sols sous tous les peuplements d'acacia avaient des teneurs en C, N et N-NO3- plus élevées, mais étaient plus acides et avaient des teneurs en Ca, Mg, K et Na échangeables plus faibles que les sols de savane témoins. Malgré l'augmentation du C et de l'azote dans le sol, la durabilité du système agroforestier rotatif de l'acacia après 22 ans de pratique est remise en question en raison de la diminution constante des cations du sol, de l'acidification du sol et du risque d'une baisse de la productivité des arbres et des cultures.Pour améliorer l'équilibre nutritif et la durabilité de ce système, différentes pratiques sont recommandées telles que l'écorçage des tiges d'arbres avant la carbonisation, la restitution des petites branches et des résidus de charbon de bois au sol et l'apport de phosphate naturel de roche.

Toutefois, la plantation en acacias de Mampu et sa gestion agroforestière peut être considérée comme un succès technique, puisqu’elle a permis de produire des quantités importantes de charbon de bois, de maïs et de manioc (sans parler des autres produits forestiers non ligneux), sur un plateau auparavant peu valorisé d’un point de vue agronomique par les populations.

Pour accéder à l'article complet, publié en ligne dans la revue Agroforestry Systems.

Publiée : 25/03/2018