Les concessions d’exploitation forestière menacent-elles les tourbières en République démocratique du Congo ?

Dans son numéro 334, la revue Bois et Forêts des Tropiques a ouvert la page de son éditorial à l’expression d’une opinion quant à l’impact potentiellement négatif de l’exploitation forestière sur les vastes marécages de la cuvette congolaise, abritant en partie des tourbières. Dix des cosignataires de cet éditorial relèvent de l'UPR Forêts et Sociétés.

Dans une lettre cosignée par 30 chercheurs et publiquement adressée au ministère norvégien du Climat et de l’Environnement, le Pr Simon Lewis (University of Leeds) et ses collègues dénoncent l’impact potentiellement négatif de l’exploitation forestière sur les vastes marécages de la cuvette congolaise, abritant en partie des tourbières. Cette lettre demande à la Norvège de refuser le financement du programme de gestion durable des forêts de République démocratique du Congo (RDC) soumis en 2017 par l’Agence française de développement (AFD). Ce programme vise à relancer l’activité forestière légale, en net déclin dans le pays, et à soutenir une meilleure gestion des ressources forestières en appuyant les administrations forestières nationales et provinciales et en améliorant la gouvernance.

En RDC comme en République du Congo, la loi autorise l’inclusion de ces zones marécageuses dans les concessions attribuées aux compagnies forestières. Si cela est très rare en République du Congo, en RDC environ 4,5 millions d’hectares, soit 26 % des zones marécageuses du pays, sont entièrement ou partiellement couvertes par une trentaine de concessions. Le reproche adressé en particulier à l’AFD est de ne pas avoir considéré les dégâts potentiels que l’exploitation des forêts dans ces concessions pourrait provoquer sur les tourbières. Il est justifié par une référence explicite aux dégâts causés par ce type d’exploitation sur les tourbières d’Indonésie.

En tant que scientifiques nous reconnaissons la qualité du travail du Pr Lewis et de ses collègues et nous sommes conscients de la nécessité de protéger les tourbières d’Afrique centrale. En revanche, nous discutons, sur le fond et sur la forme, la méthode utilisée par ces chercheurs pour y parvenir.

Pour accéder à l'ensemble de l'éditorial.

Publiée : 06/03/2018