Réhabilitation des mangroves en Thaïlande : observations après 30 ans

Un regain d'intérêt se manifeste actuellement pour caractériser les services écosystémiques des mangroves, comme la séquestration du carbone, ou encore, la protection des côtes dans le cadre de la hausse des niveaux marins. Par conséquent, développer des outils permettant un suivi efficace et automatique de la dynamique des mangroves, réhabilitées ou naturelles, devient nécessaire. Tel a été l'objet d'une étude conduite étude par Valéry Gond, chercheur de l'UPR Forêts et Sociétés

Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé des séries chronologiques satellites de zones côtières en Thaïlande. Le traitement était basé sur des composites médians interannuels de données Landsat de 1987 à 2019, avec une résolution spatiale de 30 m. L’algorithme de surveillance automatique utilisait la puissance de Google Earth Engine (GEE) pour les calculs.

La diversité des espèces et des structures des peuplements a été évaluée à l'aide d’inventaires de terrain en 2019. L'indice infrarouge de différence normalisé (NDII) et les informations des inventaires ont été utilisés pour évaluer les caractéristiques des mangroves naturelles et réhabilitées.

L'algorithme détermine l'année de démarrage de la réhabilitation, les périodes de croissance et de maturité et l'âge du peuplement en 2019. Les informations obtenues sur le terrain ont permis de valider les résultats.

Les résultats montrent qu’après 28 ans, les mangroves réhabilitées sur le site d'étude sont des peuplements mono-spécifiques de Rhizophoraceae, tandis que les mangroves naturellement régénérées présentent une plus grande diversité d'espèces. Toutefois, les mangroves réhabilitées atteignent la hauteur des mangroves naturelles adjacentes. Enfin, la période nécessaire pour atteindre une valeur NDII stable (similaire à des peuplements naturels) est d’une durée entre 7 et 13 ans.

À l’avenir, cet algorithme pourra être utilisé pour évaluer des projets de réhabilitation à petite ou grande échelle. L’algorithme est adapté à l'étude des changements dans la dynamique de la couverture des mangroves, en gain mais aussi en perte, en raison des perturbations telles que l’exploitation forestière ou la dégradation naturelle liée aux aléas climatique et marins.

Publiée : 24/03/2020