Un modèle unifié d'estimation du bilan carbone dans la gestion des massifs forestiers aménagés

Les forêts aménagées sont une composante majeure des paysages tropicaux. Les forêts de production régies par les services forestiers nationaux couvrent jusqu'à 400 millions d'ha, c'est-à-dire la moitié de la superficie forestière dans les tropiques humides. La gestion des forêts joue donc un rôle majeur dans le bilan global du carbone, mais souffre d'un manque de méthodes standardisées pour estimer les flux de carbone des forêts tropicales ainsi gérées. Dans cette étude à laquelle l'unité Forêts et Sociétés a contribué, les auteurs proposent une nouvelle méthodologie appliquer dans le temps et dans l'espace pour évaluer le bilan carbone de l'exploitation forestière sélective à l'échelle régionale.

Le bilan annuel d'une unité d'exploitation forestière, c'est-à-dire l'unité de gestion élémentaire d'un domaine forestier, a été modélisé en agrégeant trois sous-modèles englobants: (i) les émissions provenant du bois extrait, (ii) les émissions provenant des dommages forestiers et des zones déboisées, (iii) le stockage de carbone après exploitation forestière. Les modèles ont été paramétrés et les incertitudes ont été propagées par un algorithme MCMC. À titre d'exemple, les auteurs ont utilisé 38 ans d'inventaires forestiers nationaux en Guyane française, dans le nord-est de l'Amazonie, pour estimer le bilan du carbone hors sol (c'est-à-dire l'échange net de carbone avec l'atmosphère) des forêts sélectivement exploitées. Au cours de cette période, l'estimation révèle que le bilan carbone net de l'exploitation forestière sélective dans la forêt forestière permanente de Guyane française est compris entre 0,12 et 1,33 Tg C, avec une valeur médiane de 0,64 Tg C. Les incertitudes sur le modèle pourraient être diminuées en améliorant la précision des dommages causés par l'exploitation forestière et les sous-modèles de décomposition de la nécromasse ligneuse. 

En conclusion, les auteurs suggèrent un cadre innovant de comptabilité du carbone s'appuyant sur les statistiques de base de l'exploitation forestière. Cet outil souple permet d'estimer le bilan carbone des forêts gérées tropicales dans un large éventail de régions tropicales.

Ces travaux ont fait l'objet d'une publication dont les références suivent :

Piponiot-Laroche C., Cabon A., Descroix L., Dourdain A., Mazzei L., Ouliac B., Rutishauser E., Sist P., Hérault B.. 2016. Carbon Balance and Management, 11 (15) : 14 p.

Publiée : 09/11/2016