Soutenance de thèse de Ulrich Gaël Bouka le mardi 12 décembre prochain à l'amphithéâtre Jacques Alliot (Cirad, Montpellier)

Ulrich Gaël Bouka soutiendra sa thèse intitulée Structuration de la biodiversité des forêts africaines et changements climatiques : une étude à travers le genre Khaya (Meliaceae).

Cette thèse a été dirigée par Doyle McKey (Université de Montpellier/CEFE) et Joël Loumeto (Université Marien NGOUABI), et encadrée par Charles Doumenge (UPR Forêts et Sociétés, Cirad).

Le jury sera composé de M. Pete LOWRY, Missouri Botanical Garden (Rapporteur) ; Mme. Pauline GARNIER-GERE, INRA (Rapporteur) ; Mme. Sophie NADOT, Paris Sud (Examinateur) ; M. Jacques DAVID, Montpellier SupAgro (Examinateur ) ; M. Doyle McKey, Université de Montpellier/CEFE (Co-directeur ) ; M. Joël LOUMETO, Université Marien NGOUABI (Co-directeur ) ; M. Charles DOUMENGE , CIRAD (Encadrant)

Résumé : 

Des études paléoécologiques suggèrent que la composition floristique, la structure et la répartition actuelle des forêts denses africaines ont été influencées par divers facteurs. En particulier, la mise en place de gradients écologiques à l’échelle du continent, depuis plusieurs millions d’années, a favorisé des événements de spéciation parapatrique. Lors des changements climatiques passés, certaines régions qualifiées de « refuges forestiers » auraient été peu ou pas affectées par les variations climatiques, alors que les écosystèmes entre ces régions auraient été plus ou moins profondément remaniés, favorisant une spéciation allopatrique des espèces forestières. En Afrique l’identification des refuges forestiers et leur rôle dans la spéciation et dans la configuration des patrons de répartition géographique de la diversité génétique restent insuffisamment documentés.

Cette problématique est abordée ici à travers le genre Khaya (Meliaceae), un genre modèle dont les espèces présentent des affinités écologiques variables. Ce travail multidisciplinaire, qui mobilise des approches botanique, phylogéographique et génétique de populations a pour objectifs (1) de préciser les limites taxonomiques des espèces de ce genre et de comprendre les événements de spéciation ayant conduit à la distribution et à la structuration actuelles de ces dernières ; (2) d'analyser les patrons phylogéographiques de Khaya anthotheca et de K. ivorensis ; et (3) de tester la force de la relation entre les patrons de diversité génétique, les gradients écologiques et les refuges forestiers supposés du Plio-Pléistocène.

Nos résultats mettent en évidence les points suivants : (i) la présence de cinq groupes génétiques distincts dans le complexe K. anthotheca. L’analyse des caractères botaniques a conduit à l’identification des mêmes groupes, permettant de caractériser cinq espèces différentes. Trois de ces cinq espèces présentent des distributions allopatriques ou parapatriques, et deux d'entre elles se retrouvent localement en sympatrie, dont une espèce nouvelle pour la science ; (ii) un contraste entre les zones de forte diversité du génome nucléaire et celles du génome cytoplasmique de K. ivorensis, qui ne permet pas de séparer clairement les populations malgré la présence de deux clusters génétiques dus à un isolement par la distance ; et (iii) la reconnaissance et la description de neuf espèces au sein du genre Khaya.

Toutes ces nouvelles connaissances permettent d’éclairer la structuration de la biodiversité des forêts africaines et de poser les bases d'une stratégie de conservation et de gestion durable de ces espèces, très recherchées tant pour leur bois que pour des usages médicinaux.

Mots clés :  Biodiversité, Changement climatique, Forêts tropicales humides africaines, Khaya, Meliaceae

Publiée : 28/11/2017