Vers un modèle de prédiction des espèces rares de vertébrés en forêts tropicales

Telle est l'une des perspectives sur lesquelles débouche une étude analysant les poids respectifs des traits biologiques et de l'environnement dans la forme des courbes de détection d'espèces de vertébrés en forêt amazonienne. Bruno Hérault (UPR Forêt et Sociétés) est l'un des coauteurs de l'article restituant cette étude dans la revue Ecological Applications.

Les relevés de transects linéaires sont largement utilisés dans les forêts pluviales néotropicales pour estimer l'abondance des populations de vertébrés de taille moyenne ou grande. L'utilisation d'indices tel le taux de rencontre est critiquée parce que la probabilité de détection des animaux peut fluctuer en raison de l'hétérogénéité des conditions environnementales entre les sites. De plus, les caractéristiques morphologiques et comportementales (traits biologiques) des espèces affectent leur détectabilité. Dans cette étude, nous avons comparé les poids respectifs selon lesquels les conditions environnementales et les traits biologiques des espèces faussent les estimations d'abondance dans les forêts pluviales de terra firme en Guyane française. Les conditions environnementales choisies comprenaient à la fois les conditions physiques et les covariables de la structure forestière, tandis que les traits biologiques choisis comprenaient les caractéristiques morphologiques et comportementales des espèces. Nous avons utilisé la méthode d'échantillonnage à distance pour modéliser la probabilité de détection en tant que fonction explicite des conditions environnementales et des traits biologiques, et nous avons mis en œuvre un processus de sélection du modèle pour déterminer l'importance relative de chaque groupe de covariables. Les traits biologiques ont contribué davantage à la variabilité de la détectabilité animale que les conditions environnementales, qui n'ont eu qu'un effet marginal. La détectabilité était la meilleure pour les gros animaux avec des marques uniformes, qui vivent en groupes dans le sommet de la canopée. La détectabilité était la moins bonne pour les petits animaux solitaires terrestres et marbrés, avec de petites taches. Dans les forêts pluviales en terra firme, qui représentent environ 80 % des régions amazoniennes et guyanaises, nos résultats confirment la pertinence de l'utilisation d'indices relatifs tels que le taux de rencontre pour comparer l'abondance des populations entre les sites dans des études spécifiques aux espèces. Même si les forêts pluviales en terra firme peuvent sembler similaires entre les régions d'Amazonie et les Guyanes, la comparabilité doit être assurée, en particulier dans les forêts perturbées par l'activité humaine. La probabilité de détection peut être utilisée comme indicateur de la vulnérabilité des espèces à la chasse et donc au risque d'extinction locale. Seules quelques covariables de traits biologiques se révèlent nécessaires pour estimer correctement la détectabilité de la majorité des vertébrés de taille moyenne et grande. De la sorte, un modèle de caractères biologiques pourrait donc être utile pour prédire les probabilités de détection d'espèces rares, rares ou localisées, pour lesquelles peu de données sont disponibles, afin de s'adapter à la fonction de détection.

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Publiée : 09/01/2018