Davantage que les traits de vie, les habitats expliquent la faible cooccurrence des oiseaux indigènes et exotiques à La Réunion

Des traits de vie et des écosystèmes, lesquels structurent-ils le plus la répartition des oiseaux, indigènes ou exotiques, au sein des paysages ? C'est une une question dont se sont saisi quelques chercheurs familiers de l'écologie du paysage et de l'ornithologie, dans le cadre de l'île de la Réunion.

Dans les îles océaniques, les impacts humains importants sur les habitats forestiers, combinés à l'introduction d'espèces exotiques, modifient la composition des assemblages d'oiseaux terrestres et menacent leurs fonctions écologiques. À La Réunion, une île océanique située dans la région de Madagascar, un parc national a été créé en 2007 pour contrer les effets, au niveau de l'écosystème, de trois siècles de conversion des habitats, de destruction des espèces indigènes et d'introduction d'espèces exotiques.

Les auteurs de cette étude se sont demandé comment les assemblages d'oiseaux étaient structurés dans ces paysages modifiés par l'homme, 10 ans avant que le parc national ne mette en place ses premières mesures de conservation.

Ils ont utilisé une combinaison de statistiques multivariées et de modèles additifs généralisés pour décrire les variations de la composition taxonomique et fonctionnelle et de la diversité de 372 assemblages d'oiseaux locaux, comprenant 20 espèces, le long de gradients de composition et de configuration de l'habitat.

Ils ont constaté que les espèces indigènes étaient liées aux habitats indigènes, tandis que les espèces exotiques étaient associées aux zones urbaines et aux mosaïques de paysages modifiés par l'homme, avec un certain chevauchement à moyenne altitude. Les préférences trophiques des espèces ont été séparées le long des gradients d'habitat, mais leurs caractéristiques écologiques ont joué un rôle globalement faible dans l'explication de la composition des assemblages d'espèces.

Ainsi, au moment de l'étude, les espèces indigènes et exotiques de La Réunion formaient deux assemblages d'espèces spatialement distincts avec des suites de traits écologiques contrastés qui bénéficiaient d'une composition et d'une dynamique d'habitat antagonistes.

Les auteurs concluent que nos résultats soutiennent l'analyse des ensembles de données historiques afin d'établir des points de référence pour surveiller les impacts humains sur les écosystèmes insulaires.

Publiée : 30/01/2024