La vie après le feu : réponses à long terme de 20 espèces de bois d'oeuvre dans les forêts semi-décidues d'Afrique de l'Ouest

Il est essentiel de comprendre la réaction des essences commerciales au feu pour concevoir des stratégies de gestion durable des forêts en Afrique de l'Ouest. Dans cette zone de forte déforestation pour l'agriculture, les forêts tropicales semi-décidues ont été réduites à peau de chagrin en 50 ans et sont désormais soumises non seulement à l'exploitation forestière, mais aussi à des incendies de plus en plus fréquents.

Une étude publiée dans Forest Ecology and Management visait à clarifier les réponses démographiques et de croissance à long terme (37 ans) de 20 espèces de bois d'œuvre après un incendie spatialement hétérogène dans une forêt semi-décidue d'Afrique de l'Ouest.

Les auteurs ont (i) inventorié, en 2020, 100 hectares de parcelles déjà établies avant l'incendie de 1983, (ii) construit des modèles démographiques et de croissance, dans un cadre bayésien, pour estimer la vulnérabilité au feu de chaque espèce et (iii) lié cette vulnérabilité à des traits fonctionnels : la densité du bois (WD) et l'épaisseur de l'écorce (BT).

Les résultats de cette étude montrent que la plupart des espèces ont des abondances actuelles plus faibles mais des croissances plus élevées dans les zones brûlées que dans les zones préservées par le feu. Les auteurs ont identifié trois catégories de vulnérabilité au feu : 1 espèce non vulnérable, 16 espèces avec une démographie vulnérable, et 3 espèces très vulnérables. Les espèces à forte densité de bois ou à écorce fine présentent une plus grande vulnérabilité démographique au feu.

Ces résultats montrent que la gestion des incendies est une priorité absolue dans les forêts semi-décidues d'Afrique de l'Ouest afin de maintenir à long terme les populations d'espèces ligneuses et, en fin de compte, l'industrie forestière. Les différences de vulnérabilité observées et le fort pouvoir prédictif des traits fonctionnels étudiés devraient permettre (i) de mieux définir les taux d'exploitation et de les adapter au risque d'incendie et (ii) de mieux sélectionner les essences commerciales à promouvoir pour le reboisement ou la régénération naturelle (assistée).

Publiée : 31/10/2023