Le changement climatique entraînerait une forte accélération de la dynamique des forêts d'Afrique centrale d'ici la fin du siècle

Telle est la conclusion d'une étude conduite par Florian Claeys, ancien doctorant au sein de l'UPR Forêts et Sociétés, dont les résultats ont fait l'objet d'une publication dans Environmental Research Letters, cosignée par plusieurs chercheurs de la même unité.

Les impacts du changement climatique sur la dynamique future des forêts d'Afrique centrale sont encore largement méconnus, malgré l'acuité des changements climatiques attendus et l'étendue de ces forêts. La grande diversité des espèces et la diversité potentiellement équivalente des réactions aux changements climatiques constituent des difficultés majeures rencontrées lors de l'utilisation de modèles prédictifs pour évaluer ces impacts.

Dans cette étude, nous avons appliqué un mélange de modèles matriciels non homogènes à un site expérimental à long terme situé dans la forêt de M'Baïki, en République centrafricaine. Ce modèle permet de regrouper les espèces d'arbres en groupes basés sur les processus tout en sélectionnant simultanément les variables explicatives du climat et des peuplements au niveau du groupe. En utilisant les résultats de 10 General Circulation Models (Gcm) à échelle réduite, nous avons projeté la dynamique future des forêts jusqu'à la fin du siècle, sous un climat constant et des Representative Concentration Pathways de 4,5 et 8,5.

Grâce à des analyses comparatives entre les versions de Gcm, nous avons identifié des méta-groupes d'espèces d'arbres, qui sont plus adaptés que les guildes écologiques pour décrire la diversité de la dynamique des espèces d'arbres et leurs réponses au changement climatique. Les projections à climat constant étaient compatibles avec un phénomène de vieillissement des forêts, avec un ralentissement de la croissance des arbres et une réduction de l'abondance relative des pionniers à vie courte. Les projections relatives aux changements climatiques font état d'une augmentation générale de la croissance, de la mortalité et du recrutement. Cette accélération de la dynamique forestière s'est traduite par un fort effet d'éclaircie naturelle, d'ampleur variable selon les espèces. Ces différences ont entraîné un changement de composition en faveur des pionniers longévifs, au détriment des espèces tolérantes à l'ombre.

En cohérence avec d'autres études et projections sur le terrain, nos résultats montrent l'importance d'élucider la diversité des réponses des espèces d'arbres lorsqu'on considère la sensibilité générale de la dynamique forestière centrafricaine au changement climatique.

Publiée : 07/05/2019