« Le désert n’est pas un troupeau de chameaux qui avance vers le Sud »

L’Etat français relance le financement du Projet de la Grande Muraille Verte, initié il y a 15 ans, appelé à faire barrière au désert. Régis Peltier et Amah Akodewou, de l’UPR Forêt et Sociétés, font part de leurs réserves sur ce projet qui ne saurait s’en tenir à un simple déploiement de techniques de restauration du couvert végétal et ne peut faire obstacle à une « avancée » du désert qui n’en est pas une.

Les deux chercheurs ont été interrogés dans le cadre de l’émission radiophonique de RTS Tout un monde, diffusée le 25 janvier 2021.

Amah Akodewou met notamment en garde les tenants de ce projet contre un manque de négociation avec les populations locales dans le choix des terres reboisées. Il ne saurait s’agir de confisquer les usages locaux par des opérations de reboisement intégral, le format du parc arboré, par exemple, se révélant nettement mieux approprié.

Régis Peltier relativise fortement la vraisemblance d’un dispositif à même de contrer la prétendue « avancée » du désert par une bande de 20 m de haut au mieux et de quelques kilomètres de large.  Le cœur du problème demeure la « dégradation progressive des écosystèmes anthropisés sahéliens », liée à une surexploitation des ressources végétales et de la fertilité des sols, sans entretien suffisant, et à l’origine de la désertification. L’idée même de cette « avancée » du désert progressant vers le sud tel « un troupeau de chameaux » reste une vision de l’esprit.

Publiée : 26/01/2021