Régénération des forêts sèches de Miombo au Mozambique

À quelle vitesse se régénèrent la biodiversité ligneuse et les propriétés du sol de la forêt du Miombo au Mozambique après un abattis-brûlis ? C’est pour répondre à cette question qu’a été réalisée une étude dans le cadre de la thèse de Frédérique Montfort (Nitidæ, UPR Forêts et Sociétés et UMR TETIS) sous la direction de Lilian Blanc, Valéry Gond (UPR Forêts et Sociétés) et Agnès Bégué (UMR TETIS). Les résultats de cette étude ont été récemment publiés dans la revue Forest Ecology and Management.

Couvrant 2,7 million de km² (environ 10 % du continent africain), le Miombo est la formation de forêt tropicale sèche la plus étendue en Afrique. Cet écosystème est crucial pour la fourniture de services écosystémiques et représente une part importante des moyens de subsistance des populations locales. Cependant, les pressions accrues qu’il subit ont accru les attentions à son égard. La conservation et la restauration de cet espace sont désormais considérées comme  prioritaires. La régénération forestière est un élément-clé de la restauration des services écosystémiques, mais les caractéristiques et les dynamiques de ce biome spécifique restent largement sous-étudiées.

L'objectif de cette étude était d'analyser les capacités de régénération du Miombo après agriculture sur brûlis à partir de trois composantes : la biodiversité ligneuse, la structure des peuplements et les propriétés du sol. L’étude s'est concentrée sur la périphérie du Parc National de Gilé au Mozambique (province de Zambézie) où Nitidæ mène des projets pour la conservation des ressources naturelles depuis 2014. Cette zone est dominée par une mosaïque de végétation comprenant des forêts de Miombo matures, des savanes, des terres cultivées et des terres abandonnées après agriculture sur brûlis.

En utilisant des données d’inventaires floristiques et de sols sur des zones de régénération et de forêts matures, l’étude montre que deux à trois décennies sont nécessaires pour atteindre des valeurs similaires à celles de la forêt mature. Dans l'ensemble, ces résultats montrent que la région a une grande capacité de régénération en termes de diversité d'espèces ligneuses et de propriétés du sol, mais que les perturbations ont un effet à long terme sur la composition des espèces et la structure du peuplement.

Le Mozambique s’est engagé à restaurer 1 million d’hectares de paysages déboisés et dégradés d’ici 2030 à la faveur de l’initiative AFR 100. Cette étude fournit de nouvelles informations qui aident à combler le manque de connaissances sur l’écologie du Miombo au Mozambique afin de définir des stratégies de restauration forestière passive qui conviennent à la forêt de Miombo.

Publiée : 23/03/2021