L'initiative REDD+ peut-elle réussir ? Occurrence et influence de diverses combinaisons d'interventions dans les initiatives infranationales

Le prédécesseur institutionnel de REDD+ est le projet de conservation et de développement intégré (ICDP) qui combine des restrictions sur l'accès à la forêt et sa conversion (interventions négatives) avec des bénéfices directs non conditionnels (interventions positives) pour compenser les pertes de revenus des parties prenantes locales dues à ces restrictions. L'idée de REDD+ était d'améliorer le modèle ICDP avec un type différent d'intervention positive : les bénéfices directs conditionnels, souvent connus sous le nom de paiements pour services environnementaux ou PSE. Comment cette idée s'est-elle concrétisée dans la réalité ?

Dans un échantillon de 17 (sur 377) initiatives REDD+ actives dans les pays du Sud, les auteurs d'une étude publiée dans la revue Global Environmental Change ont identifié les combinaisons d'interventions effectivement déployées et demandé aux ménages d'évaluer l'impact de ces interventions sur leurs décisions en matière d'utilisation des terres forestières.

Ils ont constaté que 71 % des ménages de leur échantillon avaient participé à un certain nombre d'interventions forestières, allant de une à dix. Environ un quart de ces ménages s'est vu offrir des avantages directs conditionnels, le plus souvent en combinaison avec des avantages directs non conditionnels. Près de la moitié des ménages n'ont reçu que des avantages directs non conditionnels. Beaucoup de ces ménages étaient également soumis à des restrictions de diverses natures.

Ainsi, plutôt que d'abandonner l'approche bien établie du PIDC en faveur des incitations conditionnelles qui définissent conceptuellement REDD+, la plupart des promoteurs de l'initiative ont opté pour le déploiement d'interventions multiples. Leur approche est validée par la constatation que la probabilité qu'un ménage déclare que les interventions l'ont amené à adopter des changements d'affectation des terres susceptibles d'être classés comme réduisant les émissions de carbone est positivement et significativement liée au nombre d'interventions qu'il a subies, mais n'est pas affectée par le fait que l'une de ces interventions soit conditionnelle ou non.

Les auteurs constatent également que les restrictions jouent un rôle important : 37 % des ménages ont fait l'objet d'au moins une intervention négative, et ces ménages étaient nettement plus susceptibles de déclarer que les interventions avaient induit des changements d'affectation des sols susceptibles d'être classés comme réduisant les émissions de carbone.

Publiée : 13/02/2024