L'utilisation de la régénération naturelle assistée par des agriculteurs d'Afrique centrale pour restaurer leurs paysages : quel bilan en tirer ?

En périphérie de la ville de Bangui, capitale de la République centrafricaine, la production de bois de chauffe, l'agriculture sur brûlis et l'exploitation artisanale du bois provoquent la déforestation et la dégradation des écosystèmes forestiers. Dans le cadre du volet REDD+ du Projet de Développement Régional Sud-Ouest, la mise en œuvre de la Régénération Naturelle Assistée lors du désherbage (RNAw) dans le système de culture sur brûlis a été proposée et mise en place par 23 agriculteurs volontaires sur 24 champs d'une superficie moyenne de 0,22 ha dans deux villages (Boteke et Salanga). Que retirer de cette expérience ? C'est ce qu'a examiné une équipe de recherche franco-africaine, dont Emilien Dubiez et Régis Peltier, de l'UPR Forêts et Sociétés.

L'objectif de l'étude était de caractériser la structure floristique de la végétation ligneuse juvénile issue de la RNAw dans ces deux villages. Plus précisément, elle visait à : 1) décrire les méthodes utilisées pour informer et sensibiliser les agriculteurs volontaires pour pratiquer le RNAw ; 2) identifier les principales espèces conservées par les agriculteurs ; 3) identifier les raisons ou facteurs qui ont motivé les agriculteurs à choisir ces espèces ; 4) identifier les caractéristiques biologiques et écologiques de ces espèces ; et 5) évaluer la croissance en hauteur des jeunes arbres conservés par le RNAW sur une période de 14 mois.

Le troisième inventaire des 24 parcelles (champs des volontaires) a donné 1.668 plantes ligneuses préservées par ANR sur 5,35 ha (312 arbres ha-1), réparties en 42 genres, 47 espèces et 23 familles. Ces résultats montrent que la RNAw est une technique simple à mettre en œuvre et qu'elle peut contribuer à maintenir des arbres dans les champs dans des zones où la pression sur la forêt est élevée. Dans les villages soutenus, les communautés ont montré un intérêt à appliquer cette technique pour réintroduire des arbres dans les champs.

Cette technique devrait être popularisée dans d'autres endroits pour améliorer la gestion durable des paysages forestiers anthropisés. De plus, les volontaires qui ont testé la RNARw se disent prêts à continuer à la pratiquer. Cependant, malgré ce réel enthousiasme initial, cette dynamique de restauration devra être suivie et soutenue en raison du contexte actuel d'extrême pauvreté et d'instabilité économique, sociale et politique.

Publiée : 26/04/2022