Le Marabú, ça pique et c’est plein de moustiques

Dans le cadre de l’expertise FASEP AC/1078/Cuba (Etude de faisabilité de la création d’une ou deux unités industrielles de carbonisation du bois de Dichrostachys glomerata, dont le nom cubain est « Marabú ») et, plus largement, de la lutte contre la prolifération de cette plante invasive des pâturages et des forêts dégradées à Cuba, une mission a été effectué par Régis Peltier et Valéry Gond (UPR Forêts et Sociétés) du 10 au 22 septembre 2018.

L’objectif était de compléter les relevés de données de terrain afin d’améliorer la cartographie du potentiel ligneux du Marabú. Nous avons pu aussi présenter à nos partenaires locaux (GAF, INAF et GeoCuba) les résultats intermédiaires de la classification réalisée avec l’image Sentinel-2 (2017) et des relevés de terrain effectués en janvier (en compagnie de Julie Betbeder et Emilien Dubiez) complété par des données du GAF (août 2018) mais encore insuffisantes.

Nous avons pu prendre plus de 120 point d’échantillonnage. Le grand intérêt a surtout été de pouvoir atteindre le Marabú de gros diamètre (donc carbonisable), la forêt naturelle et les plantations (Eucalyptus spp. et Acacia mangium, Albizia spp. et teck) dans la partie sud-ouest du pays (région de Manzanillo). Grâce à ces relevés nous avons maintenant une base de données terrain permettant de reconstituer le gradient des différents types de formations ligneuses.

Avec ces informations une nouvelle classification va être réalisé au cours des semaines prochaines, afin de pouvoir fournir pour fin octobre 2018 une carte des deux sites (Minas et Manzanillo). Ces cartes représenteront la répartition spatiale des différents types de formations végétales (Marabú et autres formations ligneuses). Après mises en lien avec les valeurs de biomasse obtenues par Régis Peltier et Emilien Dubiez en janvier, nous allons proposer des cartes du potentiel ligneux et donc de carbonisation sur chacun des sites. Ces cartes termineront notre action sur ce projet FASEP. Elles permettront aussi de partir sur des bases sûres et maîtrisées sur le nouveau projet LAIF de l’Union Européenne, celui-ci concernant la dynamisation de la filière élevage dans la province de Camaguey, ce qui implique de restaurer des milliers d’hectares de pâturages et de forêts dégradées, en vue d’y installer des systèmes silvo-pastoraux durables.

Nous sommes revenus de La Havane en compagnie de Mme Yuly Alvares-Garcia (de GeoCuba) qui bénéficie d’une bourse du Cirad (AI Partenaires du Sud) pour séjourner trois semaines à Baillarguet afin de développer ses connaissances sur le traitement des données européennes Sentinel-2 et nous aider dans la réalisation des cartes d’occupation du sol (Marabú et autres).

Notons au passage que si Cuba est bien connu des Français en quête de plaisir pour ses plages, sa musique, ses cigares et ses boissons à base de rhum, très présentes sur la partie côtière de l’île, nos missions nous ont également fait découvrir un visage plus rude, à l’intérieur du pays, qui conviendra mieux aux amateurs de secousses, piqures et hammam en « open space ».

Actu rédigée par Régis Peltier et Valéry Gond

Publiée : 23/10/2018