Suivi de la dégradation des terres au Mozambique

Une étude réalisée dans le cadre de la thèse de Frédérique Montfort (Nitidae, UPR Forêts et Sociétés et UMR TETIS) et impliquant Lilian Blanc et Valéry Gond, a récemment été publiée dans la revue Land Degradation and Development.

La dégradation des terres est un phénomène mondial qui menace la sécurité alimentaire, les services écosystémiques et le bien-être des populations. Pour restaurer les terres dégradées, les pays doivent être en mesure de localiser et de mesurer la dégradation des terres au niveau national. Le suivi des changements de productivité de la végétation est l’un des indicateurs proposés par l’UNCCD (United Nations Convention to Combat Desertification) pour aider les pays à estimer leur proportion de terres dégradées. Pour cela les observations de télédétection, telles que les tendances de l'indice de végétation par différence normalisée (NDVI), peuvent fournir des informations importantes sur les changements de productivité de la végétation et l'état passé et actuel des terres. Cependant, elles ne fournissent pas directement d’informations sur la dégradation des terres et les processus à l'œuvre.

Cette étude visait à caractériser et cartographier les facteurs sous-jacents (anthropiques ou climatiques) de l’évolution de la productivité de la végétation (naturelle et cultivée) sur la période 2000-2016 afin d'évaluer la dégradation des terres au Mozambique. L’étude cherchait également à discuter des définitions existantes et à mettre en évidence leurs impacts sur l’évaluation quantitative de la dégradation des terres.

Les changements de productivité de la végétation ont d'abord été analysés à l'aide de séries temporelles de NDVI (2000-2016) et les principaux facteurs de ces changements de productivité ont ensuite été caractérisés. L'impact de la définition de la dégradation des terres a été évalué sur la base de quatre types d'acteurs hypothétiques, avec des priorités différentes en termes de services écosystémiques.

Les résultats montrent que 25 % de la surface du pays affichent une baisse significative de la productivité de la végétation, alors que seulement 3 % affichent une augmentation de la productivité de la végétation. Une grande partie de ces changements (>61 % de la diminution et >98 % de l'augmentation) est directement attribuée aux activités anthropiques. Nous avons montré que la proportion de terres dégradées au Mozambique varie, selon les définitions, de 12 % à 20 % de la surface du pays, soit moins que les 39 % estimés par la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.

Le Mozambique s’est engagé à fixer des objectifs pour atteindre la neutralité en termes de dégradation des terres d'ici 2030. Ces estimations actualisées et spatialisées sur l’état des terres au Mozambique peuvent aider les décideurs à concevoir des politiques ou des programmes nationaux et locaux pertinents pour lutter contre la dégradation des terres et cibler des zones prioritaires pour la restauration.

Publiée : 22/09/2020