Estimation des émissions de gaz à effet de serre dues à la combustion de la tourbe dans les incendies de tourbières indonésiennes : quel modèle pour quelle incertitude ?

Une chose est de disposer d'un modèle pour estimer les émissions de gaz à effet de serre lors de l'incendie de tourbières. Une autre est d'estimer la part de variance expliquée par chacun des facteurs présidant à la combustion de la tourbe. C'est dans cette double perspective que s'est placée une équipe de chercheurs dont fait partie Jean-Marc Roda, de l'UPR Forêts et Sociétés.

Les tourbières jouent un rôle important en tant que réservoirs de carbone, en stockant un tiers du carbone du sol mondial. Cependant, les tourbières d'Asie du Sud-Est ont souffert d'un épuisement dû à la pression économique et à la demande de ressources naturelles, souvent causée par des changements d'utilisation des terres et des incendies. Habituellement, la préparation des terres nécessite un drainage et des incendies, ce qui entraîne d'importantes émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère.

Dans ce travail, nous proposons une équation générale pour estimer les émissions de GES dues aux incendies dans les tourbières. La contribution de chaque paramètre à la variance des émissions de GES estimées a également été évaluée. Nous avons utilisé la simulation de Monte Carlo, des méta-analyses et une expression analytique de la variance.

Les émissions de GES d'un seul épisode d'incendie ont été estimées à 842 Mg ha-1 éq CO2 avec un écart-type de 466 Mg ha-1 éq CO2. Le paramètre contribuant le plus à la variance était la profondeur de la combustion, à 94,2 %, suivi de la densité apparente, à 5,5 %, et des facteurs d'émission, à 0,3 %. Nos estimations des émissions de GES étaient proches de la quantité estimée à partir des valeurs par défaut fournies par le GIEC, ce qui renforce la confiance dans la méthodologie du GIEC. Lorsque la profondeur de la combustion a été évaluée par télédétection, le paramètre qui a le plus contribué à la variance est devenu la zone endommagée par le feu, suivie par la profondeur de la combustion.

La contribution de chaque paramètre à la variance, telle qu'elle a été estimée dans cette étude, a permis de hiérarchiser les efforts de réduction de l'incertitude de cette évaluation. La combinaison de la simulation de Monte Carlo et d'une expression analytique de la variance pourrait être un moyen prometteur d'obtenir des intervalles de confiance plus fiables.

Cet outil de travail  permet, en prolongeant les résultats de l’IPCC, de calculer les gains potentiels de crédit carbone pour chaque hectare non brulé, avec une erreur mieux connue et plus robuste, et surtout, avec un plancher minimal très sûr. Ce travail s'inscrit dans le projet Bighdeal, financé par une bourse de la banque mondiale pour la thèse de Maria-José Rodríguez Vásquez, et par Airbus group pour les travaux sur le terrain.

Publiée : 02/03/2021