Frédérique Montfort a soutenu sa thèse sur les dynamiques des paysages forestiers au Mozambique

Le 19 novembre à Montpellier, Frédérique Montfort a soutenu ses travaux de thèse intitulés "Dynamiques des paysages forestiers au Mozambique : Étude de l'écologie du Miombo pour contribuer aux stratégies de restauration des terres dégradées". Cette thèse a été encadrée par Lilian Blanc et co-encadrée par Valéry Gond et Clovis Grinand (Nitidæ).

Résumé de la thèse

La dégradation des terres liée aux activités humaines est considérée comme la cause directe des problèmes de sécurité alimentaire et des migrations des populations, et constitue de ce fait un enjeu majeur à l'échelle mondiale. Le Mozambique, qui dispose encore d’une importante ressource forestière dominée par les formations forestières du Miombo, est particulièrement touché par ce phénomène, avec près d’un quart de ses terres qui seraient déjà dégradées. Ce pays, comme d’autres pays africains, s’est fixé des objectifs ambitieux avec la restauration d’1 million d’hectares de terres dégradées dans les dix prochaines années. Cependant, il existe très peu de données quantitatives et spatialisées sur l'état des terres et sur la capacité de résilience du Miombo. L'objectif de cette thèse est d'analyser les dynamiques, les caractéristiques et les déterminants de l’évolution des paysages forestiers afin d’alimenter les stratégies de restauration des terres dégradées au Mozambique. Cette étude s’est particulièrement intéressée à i) comprendre les facteurs de dégradation des terres à l'échelle nationale, ii) évaluer la résilience de l’écosystème du Miombo dans les systèmes d’agriculture sur brûlis dans la région centrale du pays (Zambézie), et iii) proposer une approche pour identifier les zones potentielles de restauration des paysages forestiers à partir des connaissances acquises dans les deux premiers points. Dans un premier temps, les analyses de séries temporelles satellitaires (indices de végétation et variables climatiques) ont permis de documenter l’état des terres à l’échelle nationale et quantifier les facteurs de dégradation et régénération des terres. Les résultats montrent que 25 % du pays ont subi une baisse significative de la productivité de la végétation et qu’une grande partie de ces changements (61 %) est directement attribuée aux activités humaines telles que la dégradation des forêts et la déforestation, principalement liée à l’agriculture sur brûlis. Des inventaires floristiques, pédologiques et des enquêtes de terrain ont été menés en périphérie du Parc National de Gilé afin d’analyser les dynamiques de régénération forestière après défriche-brûlis et l’impact des cycles répétés de culture-jachère. Les résultats montrent que le Miombo a une grande capacité de régénération en termes de diversité d'espèces ligneuses et de propriétés du sol après une perturbation de faible intensité et de courte durée. La richesse spécifique, la diversité et les propriétés du sol se rétablissent après 20-25 ans d'abandon. Cependant, ces perturbations ont un effet à long terme sur la composition des espèces et la structure des peuplements. Il est également constaté un effet de l’intensification de l’agriculture lié aux pratiques d’agriculture sur brûlis qui modifient la composition spécifique, réduisent la diversité ligneuse et les stocks de carbone organique du sol. Ces connaissances issues des études par télédétection et d’inventaires de terrain ont été combinées dans une approche innovante permettant d’identifier les zones prioritaires de restauration et les options de gestion (restauration passive ou active), afin d’améliorer des fonctions du paysage (accumulation de carbone, connectivité des habitats) et renforcer la biodiversité. Cette approche s’appuie sur une analyse multicritère et le développement d’indicateurs spatialisés environnementaux et sur les trajectoires des agrosystèmes et à l’échelle régionale. L’approche a permis d’identifier une surface de 118 629 hectares, soit 11 % de la zone d’étude, à haut potentiel de restauration dont 64% (76 373 ha) nécessitant une restauration active. Cette thèse contribue à une meilleure compréhension des processus et des facteurs de dégradation de terres et de l’écologie du Miombo. Elle propose une approche innovante pour contribuer à l'élaboration de projets ou programmes de restauration des paysages forestiers au Mozambique.

Composition du jury

Lilian Blanc, Chercheur (assimilé DR), CIRAD, Directeur de thèse
Agnès Bégué, Chercheuse (assimilée DR), CIRAD, Co-encadrante de thèse
Stéphanie Carrière, Directrice de recherche, IRD, Rapporteure
Kamel Soudani, Professeur des Universités, Université Paris Saclay, Rapporteur
Adeline Fayolle, Chargée de cours, Université de Liège, Gembloux Agro-Bio Tech, Examinatrice
Philippe Lejeune, Professeur, Université de Liège, Gembloux Agro-Bio Tech, Examinateur
Valéry Gond, Chercheur, CIRAD, Co-directeur de thèse, Invité
Clovis Grinand, Docteur, Nitidæ, Co-encadrant de thèse, Invité

Publiée : 23/11/2021