Laurence Boutinot a soutenu son habilitation à diriger des recherches le 23 juin

L'intitulé de cette HDR soutenue à Montpellier au Centre Saint Charles (Université Paul Valéry 3, Montpellier) était "Une anthropologue en forêts tropicales".

Résumé

Ce mémoire intitulé « Une anthropologue en forêts tropicales » questionne la place de l’anthropologie dans un champ de la recherche, celui des sciences naturelles et de l’écologie qui engage indistinctement des enjeux économiques et politiques, voire de l’expérience militante ordinaire. Objet non directement anthropologique, les forêts tropicales, sèches et humides de l’Afrique francophone invitent l’anthropologue à une réflexion épistémologique qui n’est pas celle d’un « tournant ontologique » qui enfermerait dans une culture donnée et anhistorique le rapport des hommes à la nature ; et qui n’est pas davantage une posture au service des questionnements strictement écologiques. Entre les deux, l’espace des possibles, celui d’une autonomie de la recherche en sciences sociales, s’inscrit ici dans une approche en anthropologie politique. Celle-ci tente de rendre compte des rapports sociaux et historiques qui traversent les sociétés rurales, (i.e. les communautés-locales-et-les-peuples-autochtones), les autorités étatiques et leurs représentants des services des Eaux et Forêts, notamment au Sénégal et au Cameroun. Historiquement conflictuels et ponctués de luttes sociales, ces rapports entre les sociétés villageoises riveraines des espaces forestiers et les États, les acteurs économiques de l’exploitation du bois et ceux de la conservation de la faune sauvage, cherchent à se transformer et s’améliorer au gré des politiques de décentralisation et des dispositifs participatifs de gestion des ressources forestières. L’analyse empirique de ces politiques et de ces dispositifs questionne toutefois la portée émancipatrice et/ou de ‘responsabilisation’ que ces derniers sont censés promouvoir, oscillant entre la mise en valeur de la rationalité individuelle et la discrimination identitaire des peuples autochtones.

En organisant mon mémoire à partir d’une trilogie– dispositions, positions, prises de position- je m’inscris dans une approche bourdieusienne de la production scientifique ; donnant à voir ce que l’on engage de nous-mêmes socialement dans notre travail scientifique, l’objectivation des positions que l’on occupe dans une institution et, de façon liée, les choix épistémologiques, théoriques et empiriques qui forment, ensemble, l’espace de notre travail de recherche. 

Publiée : 28/06/2022