Les concessions forestières communautaires sont-elles un modèle profitable en RDC ?

Une publication récente de Guillaume Lescuyer, de l'UPR Forêts et Sociétés, et de ses partenaires, montre que ce modèle de foresterie communautaire, tel qu’il est conçu et mis en œuvre actuellement en République Démocaratique du Congo (RDC), n’est pas financièrement rentable.

Depuis une dizaine d’années, de nombreuses organisations internationales et nationales se sont lancées dans la promotion de la foresterie communautaire en RDC. Des financements internationaux substantiels sont utilisés depuis quelques années pour appuyer ces initiatives, et le cadre réglementaire a été revu et complété depuis 2016 pour structurer ces initiatives. Des chercheurs du CIRAD, du CIFOR et de l’Université de Kisangani ont passé en revue ces initiatives dans les provinces de la Tshopo et de l’Ituri pour évaluer la faisabilité technique et financière de ces expériences de foresterie communautaire. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Ecology & Society. Cette analyse met en exergue les limites actuelles de cette forme de foresterie communautaire pour atteindre les objectifs de lutte contre la pauvreté et de gestion durable des ressources forestières. Notamment :

-          L’essentiel des activités proposées ne portent pas sur l’utilisation des ressources forestières mais sont des actions standard de développement rural, tels la promotion de l’agriculture intensive, l’élevage, l’artisanat…

-          La conservation de la biodiversité ou la séquestration du carbone sont des activités presque toujours mentionnées, mais leur contribution à l’élévation des niveaux de vie des communautés reste à démontrer.

-          Très peu d’activités mentionnées dans les documents de gestion des forêts communautaires sont quantifiées, ce qui ne permet pas de connaître leur faisabilité financière ou technique.

-          L’évaluation des revenus attendus et des coûts de mise en œuvre de la foresterie communautaire révèle que cette approche est largement déficitaire d’un point de vue financier, dans les conditions actuelles de respect des procédures réglementaires.

Si on admet que les forêts communautaires doivent avant tout contribuer à l’élévation des revenus des populations locales, il est nécessaire de les considérer comme des investissements dont la rentabilité doit être vérifiée avant d’engager les communautés dans cette voie.

Actu reprise du site du DP Afrique centrale.

Publiée : 19/02/2019